La liberté n’est pas forcément une histoire de fuite
J’ai encore du mal à y croire. Cela paraissait si inatteignable, si hors d’atteinte que je ne me donnais même pas le droit de l’imaginer.
Pourtant, voilà, dans moins de 3 semaines, je déménage à la campagne.
J’aurai mon grand terrain. Mon espace à moi. Ma bulle d’air. Ma liberté.
Pendant longtemps, je pensais que la liberté ne se trouvait que dans le mouvement perpétuel. L’absence d’attache. J’avais l’impression que pour être libre, il fallait toujours s’en aller ailleurs.
J’adore voyager, me dépayser et rompre avec le quotidien. Cet été, je suis partie trois fois et je sais que j’aurai toujours un peu la bougeotte. Je trouve que voyager est un essentiel que tout le monde devrait expérimenter plusieurs fois au cours de sa vie, et ce, le plus tôt possible, et qu’aucune raison (manque d’argent, de temps ou d’énergie) n’est vraiment valable pour légitimer le fait de ne pas s’ouvrir à d’autres contrées que la sienne.
Cependant, ce ne sont plus les mêmes motifs qui me poussent à partir. Je ne voyage plus pour exprimer ma liberté.
Depuis 1 an et demi, j’ai beaucoup travaillé sur moi-même. J’ai tenté de comprendre ce qui me rendait heureuse.
Dans le fond, se sentir bien au quotidien, c’est un peu ça la liberté.
J’ai compris que j’avais associé la liberté avec uniquement le voyage, car beaucoup de gens autour de moi avaient ce discours. Je le lisais aussi sur les blogues de voyageurs de ma génération; des gens qui ont tout quitté pour vivre de voyages.
Pour eux, c’était uniquement de cette manière que tu pouvais te sentir libre; détaché de tout et en mouvement constant. Cet argument est omniprésent dans les médias.
Évidemment, quand on voyage, on a en général moins de contraintes. Les horaires ne sont plus les mêmes. On n’a plus à subir la routine habituelle. C’est plus facile de se sentir libre.
Par contre, j’ai dernièrement senti que la liberté n’était pas forcément une histoire de fuite.
Se sentir libre est possible en restant chez soi.
Cependant, pour y arriver, il faut y travailler un peu plus.
Il est plus difficile de dire non aux diktats que la société nous impose en demeurant sur place puisque la tentation est plus grande de se laisser aller. On voit les gens autour de nous être heureux dans leur surconsommation, leur tendance à travailler à outrance et leurs habitudes de vie non saines, et on a davantage tendance à vouloir les suivre. Mais ce n’est pas une obligation.
J’ai donc décidé depuis quelque temps de travailler fort pour refuser le mode de vie typique au Québec, qui ne me convenait pas, sans avoir besoin de fuir ailleurs.
J’ai commencé mon cheminement en me lançant à mon compte pour gagner la liberté de mon temps et de mes tâches. Puis j’ai essayé d’arriver à une certaine simplicité dans la vie quotidienne pour atteindre une meilleure autonomie financière. J’avoue que cette partie est un combat récurrent. C’est difficile de rester simple quand on est bombardé chaque jour d’offres alléchantes de produits en tout genre. Comme tout le monde, j’ai souvent envie de m’acheter une nouvelle robe ou le tout dernier téléphone. J’essaie de me raisonner et je pense que j’y parviens de plus en plus. Cela m’a permis de mettre de côté de l’argent pour une maison.
Maintenant, je passe donc à l’étape supérieure : je déménage à la campagne.
En quoi est-ce lié à la liberté?
Pour moi, cela signifie mener enfin la vie qui m’apaise et me tranquillise. Ces sentiments sont directement associés à ce que je considère comme la liberté.
Écrire. Lire. Travailler mieux. Faire pousser mes fruits et légumes. Marcher plus souvent dans les bois. Respirer un meilleur air. Ne plus entendre les voisins. Développer mon amour des fleurs. Avoir plus de temps pour moi.
Tout ça, c’est un luxe. Et le luxe, c’est de la liberté.
À suivre… #alexalacampagne