fiction colocation

La colocation

Depuis deux nuits, je dormais chez lui. On s’endormait en cuillère comme si on se connaissait depuis toujours. Les matins étaient plus délicats.

Je déteste les lendemains. L’aube gâche toute la magie. Le réveil sonne la fin du mensonge. On ne peut plus faire semblant d’être deux amants liés pour la vie. On est juste des inconnus gênés dans la lumière du matin.

Lui était plutôt gentil. Il voulait me préparer des céréales. Chaque fois, j’ai fui bien vite sans déjeuner.

Le soir, la tête sur l’oreiller, il m’a beaucoup questionné pour comprendre ce que je ressentais. Il voulait savoir si j’allais bien; si j’étais consciente de ce que je faisais.

Des questions que je n’osais même pas me poser.

Je n’étais pas vraiment capable d’en parler. Je n’avais pas envie d’en parler. Surtout pas avec lui.

Et puis, le deuxième soir, dans le lit, il m’a proposé banalement de venir habiter avec lui.

Il m’a précisé que ça serait une simple colocation.  Alors je me suis dit… Pourquoi pas? C’était peut-être une bonne idée d’habiter avec quelqu’un qui voulait me préparer mon petit-déjeuner. Un coloc avec qui je m’entendais bien.

Ça m’apparaissait mieux que la solitude.

On a passé une nuit séparée.

J’ai dormi chez ma sœur

Ma vie avec mon ex-copain était définitivement finie.

Je trouvais ça nul de se dire qu’on était soulagé qu’une relation aussi longue soit finie. Je me sentais stupide. Pourquoi est-ce que j’étais restée si longtemps avec lui si on n’avait pas dû être ensemble? Je savais qu’il y avait beaucoup de raisons à ça. Mais c’était troublant comme sentiment.

Se séparer de quelqu’un pour qui vous aviez fait tant de sacrifices.

Et ne pas souffrir.

Le lendemain, j’étais toute seule chez ma sœur. Je ne savais pas trop quoi faire. Je venais de me séparer. Il pleuvait. L’avenir était noir. Noir, car trop de possibilités. Et aucune idée de ce que je voulais.

J’étais dans mon lit, entourée de toutes mes affaires dans des sacs. Tout tenait dans une chambre. Toutes mes affaires.

C’était grisant et en même temps horrible.

J’ai pleuré. Un peu trop longtemps.

Et puis je l’ai texté.

Il m’a dit de venir avec le souper.

J’ai débarqué avec des pads thaïs et une bouteille de vin dans son nouvel appartement en bordel. Il m’a montré la chambre que j’aurais si j’acceptais son offre. Il n’y avait pas de porte, mais on pouvait installer des rideaux.

On a mangé. Puis, on a monté son lit qui n’était pas un IKEA. Ça a pris plus d’une heure, mais ce n’était pas grave. On avait du vin.

Et un feu d’artifice a éclaté. On le voyait parfaitement du balcon.

C’était cinématographiquement parfait.

Ce genre de scène incroyable avec deux personnes commençant à se fréquenter.

J’ai raté le dernier bus et je suis restée dormir dans le lit qu’on avait monté ensemble.

On aurait dû en rester là.

À des soirées cutes.

Prendre notre temps.

Mais on a tout brusqué.

J’ai débarqué avec mes sacs le lendemain et je me suis installée dans la petite chambre.

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