Pendant 2 mois, j’ai marché. J’ai beaucoup marché. Douze kilomètres chaque jour.  Une heure le matin; une heure le soir. Parfois, sous la pluie. D’autres fois, poussée par un vent glacial ou réchauffée par un gros soleil printanier. Pendant tout ce temps, j’ai marché tous les jours pour me rendre jusqu’au bureau que j’occupais à la Place des Arts, pour un mandat à temps plein en gestion des médias sociaux.

Pendant 2 mois, j’ai marché en moyenne 17 000 pas, par jour.

Pourtant, pendant ce laps de temps, je n’ai jamais été autant assise.

Je m’assoyais à mon bureau à domicile, dès que j’ouvrais les yeux. Je m’assoyais au bureau de la Place des Arts le reste de la journée. Puis, je me rassoyais à mon bureau dès que je remettais les pieds chez moi. Jusqu’au coucher. En faisant des pauses pour manger. Assise.

J’ai travaillé beaucoup pendant 2 mois. C’était une expérience. Je suis contente de l’avoir vécue. Je ne voulais pas passer à côté de cette chance inouïe d’avoir un si beau contrat dans le milieu culturel.

Cependant, cela a été difficile.

J’ai l’impression d’avoir vécu une éternité en seulement 2 mois. Mon cerveau est lessivé.

Je sais maintenant que je ne suis pas faite pour devenir une workaholic.

J’ai besoin de respirer. Il me faut ma zone de tranquillité pour créer. J’ai besoin de décrocher.

Pour me remettre de mes efforts, j’ai donc décidé d’aller marcher…

Cette fois-ci, par contre, ce n’était pas au bruit des voitures sur Ontario, mais bien dans la vraie nature.

Un samedi matin, j’ai fermé mon ordinateur en me promettant de ne plus y toucher pendant le reste de la fin de semaine, j’ai enfilé mes chaussures de montagne qui n’avaient pas servi depuis près d’un an et je suis partie en direction des Cantons de l’Est, pour me rendre compte que dehors, c’était l’été. La dernière fois que j’avais pris la route, il y avait de la neige partout. Cette fois-ci le décor était hautement plus agréable.

Mais ce n’était rien comparé à ce qui m’attendait sur le mont Sutton. C’était la première fois que je m’aventurais ici. J’avais choisi cette destination en tombant sur un vieil article de la Presse qui vantait le charme sauvage de ce mont.

C’était exactement ce qu’il me fallait. Décrocher.

Couper tout lien avec la ville, les médias sociaux et l’ordinateur

J’avais rendez-vous avec les oiseaux, la musique réconfortante des ruisseaux et l’odeur merveilleuse des épinettes.

Le Parc d’Environnement Naturel de Sutton (PENS) offre des randonnées de niveau intermédiaire à élevé. Comme le disait l’article de la Presse, c’est plus sauvage que la plupart des autres parcs près de Montréal. Ici, pas d’escalier en bois pour vous aider à monter les pentes difficiles.

De plus, il est possible de marcher des jours entiers tellement le réseau de sentiers est étendu. J’ai complété un 10 km et pourtant, je n’ai vu qu’une infime portion de ce que le mont à offrir.

Il avait beaucoup plu les jours précédents. Le chemin était extrêmement boueux. Ce qui augmentait l’effort à fournir. Certains passages nécessitaient de marcher dans l’eau. On a du même traverser des rapides glacés, pieds nus. Une petite aventure parfaite pour décrocher.

La journée avait commencé sous un soleil radieux. Le dernier kilomètre de la randonnée s’est fini sous une averse tropicale. On a même failli se perdre, aveuglés par l’intensité de la pluie.

Quel changement par rapport au confinement d’un bureau. Cela faisait tant de bien de se sentir vivante!

Lundi matin, j’étais devant mon ordinateur, revigorée, épanouie et prête pour la suite.

Les derniers mois intenses m’ont appris une belle chose, c’est de croire un peu plus en mes rêves. J’ai maintenant l’impression d’avoir un champ de possibilités excitantes devant moi. Ça ne fait que commencer!

Et vous, comment faites-vous pour décrocher?